• Le réchauffement climatique et notre consommation de pétrole

    Le réchauffement climatique et notre consommation de pétrole

    Le réchauffement climatique
    et notre consommation de pétrole
    Par Jean-Marc Jancovici


    Jeudi 8 septembre 2005 à 20 h 30
    Salle du Couarail à Loisy

     

    Quelle est la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique ? Comment interrompre cette évolution du climat qui menace l’avenir de notre planète ?

    Jean-Marc Jancovici, auteur des livres « L’avenir climatique : quel temps ferons nous demain ? », « L’effet de serre, allons nous changer le climat ?» et d’articles pour la presse spécialisée, intervenant sur plusieurs radios et télévisions nationales, a essayé de répondre à ces questions.

    Pour en savoir plus : le site de Jean-Marc Jancovici

     

    Les énergies que nous utilisons actuellement sont connues depuis très longtemps. Les problèmes qu'elles posent vis à vis du climat sont liés à une augmentation très rapide de leur utilisation qui fait que nous en consommons des quantités beaucoup plus importantes que par le passé. L'explosion démographique et l'évolution de nos modes de vie ont entraîné un changement radical dans l'ordre de grandeur de la consommation d'énergie sur la planète.

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    Pour toutes les ressources d'énergie utilisées, notre consommation ne cesse de croître. Cependant, nous ne vivons pas dans un monde infini, et les réserves de ressources fossiles sont limitées. Leur production va forcemment décroître un jour ou l'autre. Les découvertes de gisements de pétrole et de gaz baissent depuis plusieurs dizaines d'années. La production ne va pas s'arrêter brusquement, mais va diminuer progressivement jusqu'à l'arrêt total.

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    Notre consommation va forcément devoir diminuer au fur et à mesure que la production baissera. Les réserves prouvées de pétrole sont les quantités que l'on est sûr de pouvoir extraire, mais on ne sait pas à quel rythme. Les quantités annoncées ne disent rien sur la vitesse à laquelle on pourra produire. Quarante années de réserves ne correspondent pas à quarante années sans soucis car, à un moment donné, la production n'arrivera plus à répondre à la demande.

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    Les réserves de pétrole qui étaient évaluées par le calcul et considérées comme probables en 1970 sont, pour une bonne part, aujourd'hui prouvées, ce qui donne l'illusion que nos réserves augmentent et qu'on a découvert de nouveaux gisements. Mais globalement, ces chiffres correspondent juste à une meilleure connaissance des ressources, et non à des disponibilités nouvelles.

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    Dans les pays riches, toute augmentation du prix du baril de pétrole entraîne des difficultés pour l'économie et une hausse du chomage dans les années qui suivent. Cette situation peut aller jusqu'à favoriser la mise en place de régimes dictatoriaux. Le problème que pose la fin du pétrole pour nos sociétés ne se limite pas au fait de savoir qu'on va devoir se déplacer en vélo, mais est bien plus grave que ça. D'autre part, il y a sur terre d'énormes réserves de charbon qu'on pourrait être tenté d'utiliser, ce qui serait catastrophique pour le réchauffement climatique. Il faut taxer les émissions de CO2 afin d'éviter que cette solution de facilité soit choisie par les nations industrialisées.

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    Si la consommation d'énergie de l'humanité continue de croître de 2 % par an comme pendant les 30 dernières années, il nous reste un siècle de ressources fossiles, tous types confondus. L'épuisement des réserves est inévitable. Mais de toute façon, en raison du réchauffement climatique, il faudrait réduire notre consommation dès maintenant. Le CO2 est le principal gaz responsable de l'effet de serre. Toutes les activités de notre vie quotidienne utilisent de l'énergie et entraînent donc des émissions de CO2. Il n'y a pas un secteur qui puisse être considéré comme particulièrement responsable.

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    Les gaz à effet de serre que nous émettons restent très longtemps dans l'atmosphère. L'arrêt des émissions n'entrainera pas immédiatement une amélioration de la situation. Par ailleurs, les effets du réchauffement climatique ne se font pas sentir sur les lieux d'émission, mais c'est toute la planète qui est concernée. C'est pour ça que les solutions doivent être trouvées au plan mondial et acceptées par tous. Depuis la révolution industrielle, l'augmentation de la présence de CO2 dans l'atmosphère est extrêmement rapide et n'a plus rien à voir avec les variations minimes qui ont eu lieu précédemment.

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    L'effet de serre est un phénomène naturel. L'homme, par ses activités, ne fait qu'augmenter rapidement les effets de ce mécanisme, et donc la température globale de la terre.

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    Ce réchauffement est totalement inédit. Son importance dépendra de nos comportements. On n'a pas de modèle à observer dans le passé ou sur les autres planètes pour savoir ce qui va se passer. On sait qu'avec 5 degrès de moins de température globale, la terre est en ère glaciaire et la vie pour l'homme y est très difficile.

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    La science ne peut pas dire à quoi ressemblera un monde où la température augmente aussi rapidement. Elle ne peut que donner des indications. Par exemple la pluviométrie va se modifier. Il y aura des impacts sur notre santé, avec un développement du paludisme ou du choléra par exemple. Le niveau des océans va monter.

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    Le gulf stream pourrait s'arrêter, ce qui bouleverserait le climat des pays qui bordent l'atlantique nord. L'augmentation du CO2 dans l'air va augmenter l'acidité des eaux de surface, ce qui posera des problèmes qu'on ne sait pas évaluer, en particulier pour les crustacés et le plancton. En France, les étés caniculaires du type de celui de 2003 deviendront habituels, et la végétation sera considérablement modifiée.

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    Les océans et la végétation rejettent du CO2 dans l'air. Au fur et à mesure que les températures vont augmenter, ils vont en rejeter de plus en plus, augmentant à leur tour le phénomène de réchauffement. Jusqu'à récemment, on n'a pas pris en compte ce paramètre dans les estimations d'élévation des températures. Les hydrates de méthane, présents en grande quantité dans les sols glacés et au fond des océans, vont, en se réchauffant, libérer le méthane qu'ils contiennent et également augmenter l'effet de serre d'une façon imprévisible.

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    Dans ces conditions, on ne peut pas imaginer une population humaine aussi nombreuse qu'actuellement. En raison de la fin des ressources d'énergie fossiles, nos émissions de CO2 vont de toute façon diminuer un jour. A nous de décider si on attend d'être dans cette situation de pénurie, ou si on préfère gérer cette diminution. Mais les effets de cette sobriété ne se feront pas sentir tout de suite. En ce qui concerne les rétroactions de l'océan, les effet du réchauffement actuel se feront probablement encore sentir dans un millier d'années. Notre comportement durant les 50 ans qui viennent aura une influence directe et très importante sur le climat des prochains millénaires. On ne peut pas avoir un raisonnement d'ordre économique pour prendre des décisions sur ce problème.

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    Le mode de vie du smicard français n'est pas durable. Il faudrait que nous produisions chacun les émissions de CO2 d'un indien. Ce qui veut dire que nous devons tous modifier nos comportements de consommateurs.

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    On peut envisager d'utiliser des énergies non fossiles, à savoir les énergies renouvelables ou le nucléaire. Mais si on continue à augmenter notre consommation, les installations ne peuvent pas progresser suffisamment vite pour couvrir une part significative des besoins. Il faut absolument faire des économies sur les points qui consomment beaucoup : le chauffage, les transports, l'achat de produits manufacturés. Le fait d'avoir des appareils électroménagers et des véhicules plus économes ou des logements mieux isolés ne suffit pas. En effet, si le prix de l'énergie baisse, on a sans cesse tendance à avoir plus d'équipement, des voitures plus puissantes et des logements plus grands.

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    En conclusion, pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, il faut absolument que le prix de l'énergie augmente plus vite que le pouvoir d'achat. Nos élus n'augmenterons les taxes que quand la population le leur demandera massivement. Il est donc important d'informer sur ces problèmes et les médias ont un rôle prépondérant à jouer.

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    Le public avait ensuite de nombreuses questions à poser à Jean-Marc Jancovici.

    Q : Parmi les postes de consommation vous n'avez pas parlé de l'armée.

    R : Il y a plusieurs façon de répartir les consommations. L'armée n'aime pas fournir la répartition précise de ses consommations par poste d'utilisation. Ici, elle a été intégrée au résidentiel et tertiaire.

    Q : Vous nous avez conseillé de lire M. Tocqueville. Que dit-il ?

    R : En 1840, dans "De la démocratie en Amérique", Tocqueville a vu, de façon assez juste, la manière dont la démocratie allait influencer le comportement des hommes.

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    Q : Il est surprenant que vous parliez des hydrates de méthane. Certains scientifiques considèrent que quand le dégazage du méthane commencera, nous aurons déjà eu de nombreux autres problèmes importants. Vous n'avez pas parlé du degel du permafrost, qui est très inquiétant.

    R : Effectivement, le degel du permafrost sera une énorme source de méthane. D'une manière générale, plus la science avance sur ces points, plus elle inspire au pessimisme. Par exemple, la supression de certaines forêts pourrait avoir eu un effet rafraîchissant qu'on a sous-estimé et qui aurait jusqu'à présent compensé l'effet réchauffant du gaz carbonique. Le CO2 aurait en fait un pouvoir chauffant encore plus important que ce qu'on pensait. On se rend compte que chaque modification du système provoque des déstabilisations aux effets imprévisibles.

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    Q : A part monter les taxes, que peut-on faire ?

    R : Pas grand chose. Tant que le prix de l'énergie n'augmente pas, les effets des progrès techniques en matière d'économie d'énergie sont annulés par une augmentation de la consommation.

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    Q : Les politiques et les médias parlent toujours de développement durable. Quel est votre avis sur cette expression ? Est-ce qu'il ne faut pas plutôt envisager la décroissance ?

    R : Si développement est pris dans le sens d'inflation, il ne peut pas être durable. Pour l'avenir de la planète, nous ne pouvons pas continuer à vivre comme nous le faisons actuellement. Ce que nous appelons la croissance est la transformation des ressources naturelles en créations humaines qui nous semblent plus utiles. La notion de croissance est totalement conventionnelle et dépend des éléments que l'on prend en compte dans le bilan de nos activités. Par contre on n'échappe pas aux règles de la physique, donc à la décroissance des stocks de ressources naturelles qui est purement mathématique.

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    Q : Peut-on diminuer la quantité de chaleur reçue par la terre en semant autour de celle-ci des cristaux réfléchissants ?

    R : Une grosse éruption volcanique envoie dans l'atmosphère quelques km ³ de matière qui ont une influence à la baisse sur la température de la terre d'une fraction de degrès pendant quelques années. Pour produire le même effet, il faudrait des dizaines ou des centaines de milliers de fusées, ce qui est irréalisable.

    Q : L'énergie électrique nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre. Faut-il construire des centrales nucléaires ?

    R : Le nucléaire est préférable au charbon, au gaz ou au pétrole. Ca ne veut pas dire que c'est une énergie sans problème. La toxicité des déchets est du même ordre que celle de certains produits phytosanitaires. Il n'y a plus de lien entre le nucléaire civil et la prolifération des armes nucléaires. Les conséquences d'un accident nucléaire tel que celui de Tchernobyl me font moins peur que celles du réchauffement climatique. Dans la hiérarchie des risques, cette solution, parallèlement à une forte réduction de la consommation, est préférable malgré ses inconvénients.

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    Q : Quel est l'intérêt du bois dans les régions où on peut en disposer ?

    R : Le bois est la première énergie renouvelable dans le monde, son intérêt est essentiel et il y a là un potentiel à développer, en particulier en France pour le chauffage. La filière bois peut progresser dans ce domaine, surtout si on fait des économies par des efforts d'isolation des bâtiments. Mais les énergies renouvelables ne seront utilisées que si le prix des ressources fossiles augmente fortement, afin qu'elles soient économiquement compétitives.

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    Q : Que peut faire chacun d'entre nous concrètement ?

    R : On peut demander aux medias de consacrer plus de place à ces sujets. Il y a quelques progrès dans les programmes scolaires, mais il faudrait former les enseignants et revoir la façon dont on présente certaines choses en géographie et en économie. Les politiques prendront des décisions quand la population le leur demandera massivement. Ce n'est pas la peine de chercher à les informer, mais c'est l'opinion publique qui doit évoluer et les inciter à agir.

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    Q : Le nucléaire est dangereux et les déchets ont une durée de vie très longue. On peut accorder plus de place aux énergies renouvelables. En Allemagne, 10 % de l'énergie est produit par l'éolien. Il ne faut pas négliger non plus les petits gestes quotidiens, comme rouler moins vite en voiture. Et pour ça, il faut informer et compter sur la prise de conscience des gens. L'augmentation du prix de l'énergie n'influencera pas les comportements des gens riches.

    R : Les gestes quotidiens n'empêchent pas la consommation globale d'énergie de croître. Même les militants n'ont pas un comportement parfait. Et ils ne sont jamais qu'1 à 2 % de la population. Compter sur la bonne volonté des gens ne suffira pas. Il faut augmenter les taxes, c'est la seule solution efficace. Pour ce qui est des conséquences de Tchernobyl, il y a beaucoup d'idées fausses qui circulent. Les journalistes donnent plus volontiers la parole aux militants anti-nucléaires qu'aux médecins ou aux biologistes qui ont fait des études sur les suites de l'accident. L'information qu'on nous donne dans les medias n'est pas fiable, elle est très différente de celle que fournissent les scientifiques.

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    Q : Selon certaines sources, les transports émettent plus de gaz à effet de serre que le secteur industriel.

    R : C'est le cas si on regarde uniquement les combustions sur place des moteurs ou des procédés industriels. Mais si on y ajoute les émissions des centrales qui fournissent l'électricité, dont l'utilisation est importante dans l'industrie, la part de l'industrie dans les émissions de gaz à effet de serre devient supérieure à celle des transports, pour le monde. En France, la part de l'industrie est 25 % et celle des transports 28 %.

    Q : Quel est le prix idéal du carburant ? Existe-t'il des modélisations de l'impact de son augmentation sur l'économie mondiale ?

    R : Il est impossible de faire une modélisation sur 50 ans. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut augmenter les prix progressivement, et que nous adaptions nos comportements au fur et à mesure de ces augmentations. Nous aurons à terme des logements mieux isolés, moins de voitures. Nous prendrons moins l'avion. Mais ça ne nous empêchera peut-être pas d'être heureux. Il y aura plus de travail, puisque nous n'utiliserons pas l'énergie pour le faire à notre place. Notre consommation en produits manufacturés baissera. Voilà ce qu'on peut imaginer, si la transition se fait en douceur.

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    Q : Est-ce qu'il faut combattre la multiplication des infrastructures routières ?

    R : Bien sûr, la construction de nouveaux tronçons routiers entraîne que les gens s'organisent en fonction de leur présence. Si on aménage le territoire de façon à ce que l'on dépende du transport routier, il est difficile de s'en passer ensuite. Il parait illogique de déclarer d'utilité publique un équipement qui va contribuer à augmenter les émissions de gaz à effet de serre.

    Q : J'essaie de faire des économie, mais dans mon foyer je ne suis pas compris et je passe pour un emmerdeur. Je suis convaincu que seul l'évolution du prix du carburant fera baisser les consommations.

    R : La baisse de consommation d'énergie n'est pas forcément synonyme d'une perte de confort. Ce n'est pas désagréable de faire ces efforts, mais si on sait que tout le monde en fait autant, c'est quand même mieux. On fait ces efforts si on est informé sur le réchauffement climatique. Mais les journalistes n'aiment pas en parler. Ils ne veulent pas faire peur, et ne peuvent pas inciter les gens à moins consommer. L'augmentation de la taxe permet de mutualiser l'effort. Une taxe n'est pas une confiscation, elle augmente le budget national et est destinée à être redistribuée.

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    Q : Avez-vous des informations sur les recherches que font les pétroliers sur ces problèmes ?

    R : Ce ne sont pas les pétroliers qui cachent le déclin de la production. Ce sont les journalistes qui ne veulent pas répercuter l'information. Je sais que chez Airbus, on n'a pas du tout conscience de ce qui va arriver et on ne prépare pas du tout la fin du pétrole pour l'instant. L'information existe mais a du mal à circuler parce qu'elle fait peur.

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    Q : L'agriculture biologique est-elle la solution vis-à-vis de l'agriculture intensive ? Que va devenir l'élevage bovin après ce qu'on a dit à propos du méthane ?

    R : L'agriculture biologique reste une agriculture mécanisée. Elle n'utilise pas les engrais de synthèse, mais elle utilise tout de même l'énergie fossile de la mécanisation. Depuis la dernière guerre, nous produisons beaucoup plus avec beaucoup moins d'agriculteurs grace aux engrais et à la mécanisation. Il va falloir produire moins de viande. Il faut que les consommateurs acceptent de payer plus cher leur alimentation si ils veulent une agriculture propre.

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    Q : Pourquoi la France émet-elle moins de CO2 que l'Allemagne ou la Belgique ?

    R : C'est la façon de faire l'électricité qui fait la différence. En France, on la produit essentiellement par le nucléaire et l'hydraulique. Les pays qui la produisent par des centrales à gaz ou à charbon ont des émissions par habitant supérieures aux nôtres.

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    Q : Que vont faire les Pays-Bas devant la montée des eaux ?

    R : Si le niveau de la mer monte de 50 cm, il suffit de réhausser les digues. Mais, à l'échelle du millénaire, si on doit atteindre 15 m de hausse, ce sera évidemment impossible. Et comme l'énergie fossile disponible aura fortement diminué, les habitants ne pourront pas quitter les zones inondées aussi facilement que maintenant.

    Q : Quelles relations avez-vous avec les entreprises pour lesquelles vous travaillez ?

    R : Les entreprises qui me sollicitent sont évidemment celles qui ont pris conscience du problème, elles ne sont pas représentatives. Les économistes ont les connaissances scientifiques de base qui leur permettent de bien comprendre mon discours. Les dirigeants se préoccupent de la survie de leur entreprise, et souhaitent donc avoir les informations prospectives qui les aident à envisager l'avenir et à faire les bons choix d'investissements. Il est plus difficile de convaincre les politiques. Dans les associations de protection de l'environnement, on a souvent placé la lutte anti-nucléaire comme priorité, et il est difficile de changer la hiérarchie des problèmes et d'admettre que c'est devenu un combat de second ordre.

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    Q : Quel est votre avis sur les biocarburants ?

    R : Le rendement des biocarburants est de l'ordre d'une tonne à l'hectare. En France, on consomme 95 millions de tonnes de pétrole par an et on a une surface de 50 millions d'hectares. Cette production n'est intéressante qu'à destination des agriculteurs eux-mêmes.

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    Q : Que pensez vous de l'hydrogène et de la méthanisation ?

    R : La méthanisation est une source d'énergie renouvelable qu'il ne faut pas négliger. Mais là aussi, les quantités produites sont limitées. Ca ne dispense pas de faire des économies d'énergie. L'hydrogène n'est pas une source d'énergie, mais un vecteur qui nécessite un apport extérieur. Le rendement de cette filière est très mauvais. En plus, il faut du platine pour ces piles. Ce n'est pas une solution réaliste. De toute façon, on ne peut pas souhaiter disposer d'une énergie illimitée qui donnerait à l'homme un pourvoir sans limites sur l'environnement. Les solutions ne doivent pas être pensées uniquement sur le plan technique.

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    Q : L'espèce humaine a-t'elle un avenir ? Faut-il encore faire des enfants ?

    R : La race humaine ne va pas disparaître, mais il faut se poser la question du nombre d'hommes qu'il restera sur terre, et surtout se demander dans quelles conditions ils vivront.

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