• Agriculteurs, consommateurs : la santé en commun

    Agriculteurs, consommateurs : la santé en commun
    par François Veillerette

    mercredi 28 avril 2010 à 20 h 30
    Salle du Couarail de Loisy

    Comment abandonner les traitements chimiques des cultures pour préserver notre santé et notre avenir.

    François Veillerette est président du Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures

    En guise d'introduction, François Veillerette évoque le rapport que l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques vient de faire paraître sur l'effet des pesticides sur la santé humaine. En tant que membre du comité de suivi de ce rapport, il n'a pas été écouté, et le document final nous apprend que l'utilisation des pesticides ne présente pas de dangers pour la santé, ce qui n'est pas la conclusion qu'on peut tirer des nombreuses études existant sur ce sujet.

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    Les pesticides sont conçus pour tuer les ravageurs ou détruire les concurrents des cultures. L'agriculteur a, de tout temps, utilisé des produits d'origine naturelle. Les produits issus de l'industrie chimique ont commencé a être commercialisés après la seconde guerre mondiale et les quantités utilisées ont rapidement augmenté. Les produits à base de chlore et de phosphore se sont diversifiés et plus de 3000 formulations différentes sont aujourd'hui disponibles.

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    L'introduction de ces produits a accompagné le développement d'une agriculture industrielle qui a créé un contexte favorable à la multiplication des ennemis des cultures. On a rapidement vu des résistances apparaître. Ce système inefficace a entraîné la disparition de nombreux agriculteurs et est responsable des difficultés actuelles de la profession. Mais l'utilisation des pesticides a, de plus, de forts impacts sur l'environnement, qui ont été dénoncés dès les années soixantes.

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    Les fabricants de pesticides se sont rapidement organisés pour rendre leur activité acceptable, en faisant savoir qu'ils maîtrisent le risque lié au danger que présente ces produits. Les méthodes de lobbying utilisées ont été les mêmes que pour la désinformation sur l'amiante.

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    La consommation de ces produits ne diminue pas. L'agriculture représente 90 % de l'utilisation, les jardins, 8 % et l'entretien des espaces verts, 2 %. Le Grenelle de l'environnement avait décidé d'interdire la publicité à destination des jardiniers amateurs, mais ce n'est finalement pas prévu pour l'instant.

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    Les pesticides sont essentiellement utilisés en pulvérisation et ils se répandent partout. On en retrouve abondamment dans les nappes phréatiques et dans l'eau de surface. La présence de ces résidus dans l'eau de nos robinets, même en très petite quantité, peut être dangereuse.

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    On trouve aussi des résidus de pesticides dans l'air, même en plein coeur de Paris. L'air intérieur des maisons en contient beaucoup. Les particuliers peuvent utiliser sans contrôle des insecticides qui sont interdits ou réglementés pour l'agriculture. Les produits utilisés à l'extérieur pénètrent dans les maisons et y restent très longtemps.

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    C'est par l'alimentation que nous sommes le plus exposé. Les valeurs limites sont fixées en fonction des "bonnes pratiques agricoles", et non pas de ce qui pourrait être dangereux pour la santé. Le MDRGF a réalisé une étude qui a permis de trouver dans des grappes de raisin de table bien plus de pesticides que ce qui est normalement autorisé.

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    Les fruits et légumes bio ne sont pas contaminés. On n'y trouve que quelques traces de résidus de pesticides dans quelques cas. Les aliments conventionnels dépassent par contre très souvent les limites autorisées. La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes manque totalement de moyens pour faire suffisamment de contrôles. Ces résidus finissent dans nos organismes. Le foetus, particulièrement fragile, y est exposé par l'alimentation de sa mère.

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    Le lait maternel contient aussi les polluants que la mère a dans ses graisses. Des études montrent que le passage au bio pour l'alimentation des enfants permet de faire disparaitre rapidement ces toxiques.

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    Cette exposition aux pesticides est-elle dangereuse pour la santé ? Les utilisateurs sont victimes d'accidents et d'intoxications aiguës qui prouvent bien la dangerosité de ces produits. Mais on commence aussi à montrer que l'exposition à de faibles doses sur le long terme provoque des dérèglements hormonaux et des pertubations du système endocrinien.

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    Le Roundup comprend du glyphosate, mais également des adjuvants qui renforcent sa toxicité. Le MDRGF a demandé le retrait du commerce des formulations les plus dangereuses de ce produit commercial. Les analyses montrent en effet que sa composition varie suivant les lots, et les effets sur le système endocrinien humain ne sont donc pas toujours les mêmes. La Direction Génèrale de l'Alimentation étudie actuellement ce dossier.

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    Les conséquences des pertubations hormonales peuvent être graves. Le lien entre les pesticides et l'infertilité masculine comme féminine a été montré par plusieurs études. L'exposition de la femme enceinte pendant le début de sa grossesse augmente considérablement le risque de fausse couche.

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    Les agriculteurs développent certains cancers plus souvent que la moyenne. Plus de 90 substances actives présentes dans des pesticides sont classées comme cancérigènes possibles ou probables. Au Etats-Unis, il y en a beaucoup plus qui sont considérées comme telles, parce qu'ils disposent d'un institut des sciences de la santé environnementale qui a les moyens de faire des études sur les produits mis en vente.

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    Les cancers de l'enfant augmentent régulièrement, et les facteurs environnementaux sont probablement en cause. L'INSERM a montré que dans les familles où on utilise des pesticides, le risque de voir les enfants développer une leucémie augmente. Ceci est particulièrement vrai si les produits ont été utilisés, même à très faible dose, pendant la grossesse de la mère. Les pesticides sont dénoncés par les scientifiques comme cause possible de nombreux les cancers.

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    Mais de nombreuses parties prenantes ont intérêt à ce que rien ne change. Ce problème est donc souvent nié. L'influence de l'environnement sur le cancer sont sous-évalués, faute d'études comparatives sérieuses. On ne sait pas non plus quels sont les effets des mélanges de produits que l'on trouve souvent dans les fruits et les légumes, et les seuils fixés par la législation n'en tiennent donc pas compte.

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    Il y a peu d'études sur les effets des pesticides sur le système immunitaire, mais celles qui ont été faites montrent des liens. On constate également des impacts sur le développement neurologique des enfants et sur le fonctionnement de leur système nerveux. L'exposition des femmes enceintes augmente le risque d'avoir un enfant qui sera plus tard hyperactif ou autiste.

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    Les maladies d'Alzheimer et de Parkinson, l'asthme, le diabète peuvent aussi s'expliquer par l'exposition aux pesticides. Les autorisations de mise sur le marché sont données avec des évaluations insuffisantes de tous ces impacts des produits. Il faut savoir que la culture d'OGM entraîne une augmentation de l'utilisation des pesticides. Il ne faut pas croire que l'agriculture raisonnée est une solution. Elle a été créée par les fabricants de pesticides, et n'a donc certainement pas pour but de diminuer l'usage de ces produits.

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    Le label "haute valeur environnementale" avec ses différents niveaux va être très difficile à comprendre par les consommateurs. Les insecticides systémiques sont de la même famille que les autres. Le fait qu'ils s'utilisent différemment ne diminue en rien leurs impacts. Ils atteignent en particulier les abeilles qui sont indispensable à la production agricole.

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    Des voies de recherche sont trop peu explorées. L'agriculture bio peut être plus productive si elle utilise de bonnes techniques. L'INRA a produit en 2005 un rapport qui prend conscience des effets néfastes des pesticides et semble avoir décidé de réorienter ses recherches. Malheureusement, cette prise de conscience est en régression aujourd'hui dans l'opinion publique.

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    Le Grenelle de l'environnement a permis de décider de la réduction des pesticides. Mais les choix politiques ne vont pas dans ce sens actuellement. La suppression des substances les plus dangereuses qui était prévue ne se fera probablement pas. Le développement de l'agriculture bio ne va pas suffisamment vite pour répondre à la demande.

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    La législation européenne permet depuis peu d'interdire les produits les plus dangereux. Malheureusement, le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques nie toutes les études que nous venons d'évoquer et prétend même que les aliments bios seraient plus néfastes pour la santé que ceux qui contiennent des pesticides.

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    Certains prétendent encore que la France doit nourrir le monde. Cet objectif est le prétexte pour continuer à utiliser les pesticides, sans tenir compte, entre autre, des témoignages des agriculteurs qui s'expriment sur le site Victime des pesticides.

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